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Libération

Sous les décombres de Wall Street, le retour de l’Etat

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publié le 17 septembre 2008 à 7h00

L’idolevacille jusqu’en son temple.

«Le marché», disaient ses thuriféraires. «Le marché, vous dis-je», allaientils répétant depuis trois décennies, brisant les réglementations et diabolisant l’Etat, et que se passe-t-il maintenant ? Après avoir mobilisé l’argent du contribuable pour sauver une banque et deux géants du refinancement hypothécaire, les pouvoirs publics américains, pris de vertige, essoufflés par l’ampleur de la catastrophe, ont laissé la quatrième banque d’investissements des Etats-Unis aller à sa faillite.

La différence avec 1929 est que les banquiers ne se défenestrent plus. Stock-options et salaires obscènes, ils se sont trop enrichis pour avoir le moindre doute sur leur excellence mais la crise qui ébranle Wall Street et secoue, l’une après l’autre, les places boursières, européennes, russe, asiatiques, est évidemment systémique. Elle coûtera cher, très cher, si cher qu’une époque s’achève, celle où la plus timide interrogation sur la «main invisible du marché», sur cet infaillible régulateur censé résoudre tous les problèmes et conduire l’humanité vers le plus radieux des avenirs, vous faisait passer pour un «archaïque», rebelle à la vraie foi.

Seul recours dans cette débâcle qui touchera les cinq continents, l’Etat va revenir en force. Au début de l’été déjà, alors que le ciel libéral ne faisait encore que s’assombrir, John McCain, le candidat des républicains, pas précisément un social-démocrate, l’homme pour lequel le seuil de la richesse est à cinq millio