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Libération
Reportage

Dans les zones tribales, les civils pris en étau

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par Pauline GARAUDE
publié le 18 septembre 2008 à 5h03

Saheena, 10 ans à peine, regard hagard et blouse déchirée, s'entasse avec sa famille et une dizaine de personnes dans un pick-up bringuebalant. Elle franchit l'entrée du camp pour réfugiés de Mardan, à 80 kilomètres des zones tribales pakistanaises de Bajaur, à la frontière afghane, où les combats entre l'armée et les talibans ont déjà fait fuir 240 000 personnes en trois semaines. Un chiffre qui pourrait atteindre les 400 000 dans dix jours.

Le camp est un terrain vague d'où émergent par endroits des tiges d'acier et des monticules de terre avec une allée centrale sableuse. Aux alentours, sur ces friches déjà bourrées d'immondices, s'alignent des bâches souvent crasseuses et déchirées. Les grappes d'enfants aux tuniques bleues, roses et oranges qui en sortent, vaquent à leurs occupations ou courent après un ballon de fortune.

Pour la première fois depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le début de la «guerre contre le terrorisme», les familles de cette région sont contraintes à l'exode par l'intensité des combats. Ce repaire des talibans est bombardé à outrance par l'armée pakistanaise et les Etats-Unis depuis plusieurs semaines. La CIA multiplie les raids depuis ses bases en Afghanistan, ainsi que les interventions directes en territoire pakistanais sans en avertir Islamabad. «La situation en zones tribales n'est plus tolérable. Des ordres nous ont été donnés», a confié, sous couvert d'anonymat, un proche du président Bush au New York Times le 11 septembr