Le président sud-africain a subi le sort de Tony Blair, qui l’a tant inspiré : rejeté par son propre parti, Thabo Mbeki a dû jeter l’éponge. Après huit heures de débats tendus, les 86 membres de la direction de l’ANC lui ont ordonné samedi de quitter son fauteuil. En Afrique du Sud, le chef d’Etat (Nelson Mandela en 1994, puis Mbeki à partir de 1999) est élu par les députés du parti qui a remporté les élections législatives, en l’occurrence l’ANC.
C’est une simple phrase, écrite pas un juge, qui a abouti au départ forcé du Président. Le 12 septembre, le juge Chris Nicholson avait affirmé que Thabo Mbeki avait orchestré les poursuites judiciaires contre Jacob Zuma, dans une affaire de corruption impliquant la société française Thales. Depuis sept ans, les deux hommes sont à couteaux tirés : Mbeki ne veut pas du leader populiste zoulou comme successeur, à la fin de son mandat au printemps 2009.
«Serpent». En décembre, le chef de l'Etat avait subi une défaite retentissante au congrès de l'ANC, quand il avait perdu la présidence du parti, emportée par Zuma. L'arrêt Nicholson a été du pain bénit pour les alliés de Zuma, qui ont aussitôt réclamé la démission de Mbeki. «Nous allons enterrer ce serpent ce week-end. Il a manipulé la Constitution pour son usage personnel, c'est un dictateur», clamait mercredi, le président de la Ligue des jeunes de l'ANC, Julius Malema, le plus véhément pourfendeur du chef de l'Etat. Les leaders du syndicat Cosatu et du Parti communiste on