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Libération
Reportage

A Culiacán, les narcotrafiquants mexicains se pavanent

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Drogue.
publié le 23 septembre 2008 à 22h24
(mis à jour le 23 septembre 2008 à 22h24)

Envoyée spéciale à Culiacan. Elle voulait être la «narco» de l'école. Alors elle remplissait son cartable de pastilles pour épater ses camarades. C'est l'histoire d'une gamine de 13 ans, relatée par un policier de Culiacán, indigné de voir que dans sa ville, le prestige et l'admiration se gagnent dans une nuée de poudre blanche. Capitale de l'Etat de Sinaloa, dans le nord du Mexique, Culiacán compte un million d'habitants, dont une large frange qui incarne, depuis cinquante ans, la caste dominante, celle des narcotrafiquants.

Les barons de la drogue locaux figurent parmi les «most wanted» du FBI et leurs noms de guerre en font des légendes vivantes : El Chapo Guzmán, Arturo Beltrán Leyva, dit El Barbas, El Mayo Zambada, El Nacho Coronel. Une telle concentration de capos (chefs) draine une violence quotidienne, banalisée par les poursuites en voiture, les façades criblées de balles ou les photos de corps décapités dans la presse locale. Après une fusillade en pleine rue, les gens ramassent les douilles, en souvenir. «Ici, la souffrance est un spectacle», remarque le psychologue Tomás Guevara Martínez. Eden et enfer des narcos, Culiacán, comme Cali et Medellín en Colombie, s'enivre dans ces effluves de came, d'armes, de fric et de mythes.

«Honneur». A Culiacán, il n'est pas rare d'entendre qu'un restaurant a été réquisitionné par un capo et ses lieutenants. Les portes se ferment sur les clients et les téléph