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Portrait

Aso, faucon et vrai fan de manga

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par Francis TEMMAN
publié le 23 septembre 2008 à 22h24

De notre correspondant à Tokyo. Le tir au pigeon peut mener à tout au Japon. Même au poste de Premier ministre. Taro Aso, 68 ans, ex-sportif ayant représenté son pays au tir lors des Jeux olympiques de Montréal, en 1976, est un oiseau rare. Amateur de mangas - les populaires BD nipponnes - et du héros Hitman, cet ancien ministre des Affaires étrangères, fan de pop culture nippone et créateur du Prix international du manga, dévorerait, encore aujourd'hui, dix BD par semaine.

Mais, gaffeur notoire, Taro Aso est surtout connu pour son franc-parler populiste et démago. Et pour ses remarques déplacées sur les malades d'Alzheimer ou sur le régime colonial japonais durant son annexion de la Corée (1905-1945). Ainsi a-t-il décrit le Japon comme «la nation d'une seule race, d'une seule langue, d'une seule culture». Affirmé que «le Japon fait ce que les Américains ne peuvent pas». Ou expliqué, cité par le journal Nikkei, que «si vous avez des yeux bleus et des cheveux blonds, ce n'est probablement pas bon. Heureusement, nous autres, Japonais, avons des visages jaunes !»

Taro Aso attendait son heure depuis des années. Dans l'ombre, il lorgnait depuis des mois sur la succession de l'impopulaire Yasuo Fukuda, qui a démissionné le 1er septembre. Hier, sans surprise, il a été désigné à une large majorité (351 voix sur 527) par les ténors du Parti libéral démocrate (PLD), au pouvoir quasiment sans discontinuité depuis 1955, et dont Aso était depuis un an le secrét