L'armée italienne pourrait bientôt être déployée dans la région de Naples contre la Camorra, la mafia locale, après un règlement de comptes qui a fait sept morts dont six Africains, jeudi. Lancée par le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, de la très xénophobe Ligue du Nord, alliée de la coalition de Silvio Berlusconi, cette proposition doit être examinée aujourd'hui en Conseil des ministres. Quelque 3 000 soldats sont déployés depuis août dans de nombreuses villes, pour lutter contre l'insécurité. Les autorités avaient déjà eu recours à l'armée en Sicile, en 1992, après les assassinats coup sur coup des juges du pool antimafia, Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.
«L'armée ne pourra avoir qu'un rôle de soutien car elle n'est pas préparée pour lutter contre la mafia», explique Giuseppe Ayala, ancien magistrat du pool antimafia. Il s'agit notamment d'assurer la garde des bâtiments publics, afin d'en libérer policiers et carabiniers. Entre-temps, l'enquête sur la tuerie de jeudi, au nord de Naples, continue. Les six Africains, originaires du Liberia, du Togo et du Ghana, ont été abattus peu après l'assassinat du patron d'une salle de jeu.
Le massacre a été attribué au clan le plus sanglant et le plus puissant de la Camorra, celui des Casalesi, qui contrôle notamment la prostitution et la drogue dans cette zone de Castel Volturno, no man's land de tous les trafics.
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