Il était près de midi, samedi dernier, quand deux inconnus à moto ont abattu Ever González dans un hameau du sud-ouest de la Colombie. Le paysan, militant défenseur des droits de l’homme, a grossi la cohorte des civils victimes du conflit colombien, abattus loin des villes et des unes de la presse nationale.
«Montages». Pour rappeler leur existence, une coordination d'ONG et de syndicats a présenté ce mois-ci au Conseil des droits de l'homme de l'ONU un rapport sur la situation du pays andin entre 2002 et 2007. Selon ce texte, 13 634 personnes ont été tuées ou ont disparu hors combat, comme González, pour des raisons «sociopolitiques» : à cause de leurs idées, leur opposition à un groupe armé…
Lorsque leurs auteurs sont identifiés, un quart de ces assassinats est attribuable aux guérillas marxistes - principalement les Farc - dont les exactions sont largement médiatisées. Mais, dans plus de 17 % des cas, c'est l'armée régulière qui exécuterait les civils, souvent pour les présenter ensuite comme des guérilleros. «Ces montages se multiplient», s'alarme Alvaro Villarraga, un des auteurs du rapport. González, le paysan mort samedi, réclamait précisément justice pour des voisins tués par des soldats en 2007.
Tous les autres assassinats seraient le fait de milices paramilitaires. Malgré la démobilisation officielle de leurs 15 000 combattants, négociée depuis 2003 avec le pouvoir, ces troupes antiguérilla, liées au trafic de drogue, compteraient to