Envoyée spéciale à Rio. Un blindé de l'armée brésilienne prend position au pied de la Rocinha, la plus grande favela de Rio : 1 200 hommes viennent de se déployer dans cet immense bidonville d'environ 150 000 habitants, à flanc de colline. La Rocinha est l'une des vingt-sept favelas de Rio où le gouvernement du président de gauche Lula a décidé d'envoyer des troupes à l'approche des élections municipales du 5 octobre. Objectif : éviter l'intimidation des électeurs et permettre la libre circulation des candidats dans ces quartiers dominés par des gangs de narcotrafiquants ou des milices de paramilitaires (policiers ou ex-policiers, gardiens de prison et pompiers). Par crainte de représailles contre leurs partisans, seuls 8 des 1 300 candidats au conseil municipal de Rio ont pour le moment fait campagne dans les favelas.
Les gangs armés fournissent un minimum d'aide sociale à une population démunie, mais c'est surtout par la terreur qu'ils s'imposent, n'hésitant pas à liquider toute opposition. Ils sont maintenant accusés d'utiliser la manière forte pour faire élire leurs candidats au conseil municipal de la deuxième ville du Brésil. Certains de leurs adversaires affirment être empêchés de faire campagne dans les favelas sous leur contrôle et, au début du mois, la justice a dû interdire l'entrée des téléphones portables dans les bureaux de vote. Les paramilitaires voulaient en effet obliger les électeurs à photographier avec leur appareil l'écran de l'urne électronique pour s'