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Libération
Portrait

Thabo Mbeki, solitaire jusque dans sa chute

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publié le 25 septembre 2008 à 22h32

De notre correspondante à Johannesburg. Un homme naviguant sur Internet tard dans la nuit pour écrire ses discours, truffés de citations de Shakespeare : c'est l'image que l'on retiendra de Thabo Mbeki, 66 ans. Celle d'un intellectuel froid et solitaire, qui semble plus à l'aise à la tribune d'une enceinte internationale que dans un bain de foule, parmi son peuple. C'est la personnalité de Mbeki qui explique son destin tragique, digne d'une tragédie shakespearienne. Jadis tout puissant, il a été humilié et chassé par son propre parti, le Congrès national africain (ANC), auquel il a consacré 52 ans de sa vie, comme le général Coriolanus, exilé par son peuple et tué par l'un de ses fidèles.

Croissance. En assumant la difficile succession de Nelson Mandela à la tête du pays, en 1999, Mbeki avait pourtant suscité de grands espoirs. Cet économiste avait la confiance des milieux d'affaires et de la communauté internationale, conquise par son charme et son intelligence. Et il est vrai qu'il n'a pas à rougir de son bilan. Sous ses deux mandats, l'Afrique du Sud a connu la croissance économique la plus longue de son histoire et vu l'émergence d'une bourgeoisie noire, qui lui est reconnaissante. Avec moins de succès sans doute, il s'est attaqué à la pauvreté.

C'est surtout sur la scène internationale que ce grand voyageur s'est démené : pourfendeur des inégalités planétaires, il a mis l'Afrique sur la carte du monde, en lui donnant une place au G8. Il a lancé le projet de «renaissance