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Interview

«Le régime birman a une réelle capacité à se régénérer»

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Renaud Egreteau, du Centre d’études et de recherches internationales
publié le 1er octobre 2008 à 7h03
(mis à jour le 1er octobre 2008 à 7h03)

Des mesures de sécurité très strictes ont été prises ces jours-ci à Rangoun pour étouffer toute velléité de manifestation. Il y a un an, le régime militaire réprimait les défilés contre la vie chère menés par les bonzes. Selon l’ONU, 31 personnes ont été tuées, 74 portées disparues, et près de 4 000 autres arrêtées. Renaud Egreteau, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri), estime que le régime est sorti renforcé de la crise.

Un an après la révolution Safran [en référence à la robe des bonzes], la junte birmane n’est-elle pas plus que jamais maîtresse du pays?

Elle a effectivement conforté ses positions, notamment vis-à-vis d’une communauté internationale impuissante face à la révolte des bonzes, et guère influente après le cyclone Nargis en mai. Le régime a intensifié la répression contre l’opposition.

La libération récente de 9 002 prisonniers n’a-t-elle pas été l’occasion de montrer que la junte ne redoutait pas grand-chose ?

Elle est indéniablement confiante. Tous les deux ans, elle libère des prisonniers par vague. Généralement, tous ont terminé leur peine. Win Tin [le plus ancien détenu birman et membre de la Ligue nationale pour la démocratie, ndlr] avait été condamné à dix-neuf ans de prison en 1989. Il a été libéré au terme de sa peine. Win Tin n'est plus une menace crédible pour les généraux birmans.

Comment expliquer l’échec de la médiation de l’ONU pour instaurer un dialogue entre l’opposition et les militaires ?

D’abord, la junte militaire se sait assez forte pour résister aux pressions. Elle seule décide d’octroyer ou pas des visas pour les envoyés spéciaux des Nations unies. Ensuite, elle fait face à une communauté internationale divisée. Elle bénéficie du soutien de la Chine, qui reste le partenaire économique et militaire de la Birmanie. Pékin a besoin de débouchés économiques vers le Sud et stratég