Le monastère est au bout d’une allée carrelée, empruntée par des bonzes fuyants et des chiens errants. Là, sous un hangar de tôles rouges, l’un des plus grands Bouddha de Birmanie se tient allongé dans une position de relaxation. Pourtant réputée, la pagode Chauzkhtakyi, à 3 kilomètres au nord du centre de Rangoun, est désertée par les touristes et vide de fidèles. La chaleur moite est étouffante, la suspicion permanente.
Anadar (1), un jeune moine au visage poupin, désigne discrètement du menton deux «chemises bleues», deux policiers en civil qui devisent avec des bonzes. Tout à l'heure, l'un des deux se cachera derrière un muret pour écouter ce qu'un étranger peut dire à un moine. «La présence policière s'est discrètement renforcée à la mi-septembre pour éviter de nouveaux troubles à l'approche du premier anniversaire de la répression», constate Anadar qui s'amuse de voir «les policiers nous imiter en se rasant la tête et en s'habillant comme nous». Anadar note que de nouveaux visages sont apparus dans les monastères. «Ils nous ont infiltrés.»
Il y a un an, le 26 septembre 2007, le pouvoir birman avait déchaîné la répression contre les moines bouddhistes après plus de cinq semaines de manifestation contre l’augmentation des prix. La police avait alors investi les pagodes, procédant à des arrestations, défroquant les religieux quand elle ne bouclait pas les lieux de culte. A l’époque, les moines s’étaient enfuis à la campagne. Anadar, qui avait vite