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Libération

Le crooner contre le vieillard, choses vues

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publié le 9 octobre 2008 à 6h51

La télévision est garce. En quelques plans, elle croque un candidat comme le ferait un caricaturiste. Dans l’amphithéâtre de l’université de Belmont, à Nashville (Tennessee), où se déroulait le deuxième débat de la campagne, s’affrontaient mardi soir un crooner et un vétéran. Qui l’Amérique choisira-t-elle dans cette affaire de style ? Perchés sur des tabourets hauts, face à des électeurs indécis, les deux prétendants à la Maison Blanche avaient deux minutes chacun pour répondre à la question du public et une pour croiser le fer.

Cabossé. Barack Obama descend de son siège avec la souplesse d'un homme de scène, déploie sa silhouette aérienne et sa voix de basse. John McCain, voix nasale, le dos raidi par les années, fonce maladroitement sur le questionneur qui, dans un réflexe, recule. Le premier peut bien repousser l'image d'«élitiste» qui lui colle à la peau, son physique le place hors du commun. Le second peut bien vanter sa candidature comme celle de «l'expérience» , son âge et son corps cabossé sautent aux yeux.

«Mes amis» , lance McCain à l'auditoire, mettant sur des charbons ardents son équipe qui essaie, en vain, de lui faire perdre ce tic de langage : la présidentielle n'est pas affaire de camaraderie. Chacun le sien : Barack Obama s'efforce de ne pas prendre une longue minute à se racler la gorge avant de répondre à la question posée. Quand son adversaire prend la parole, le sénateur de l'Illinois retourne à son tabouret, assis comme