Depuis plusieurs années, 25 parmi les 27 pays de l’Union européenne sont engagés dans une guerre qui se déroule à des milliers de kilomètres de leurs frontières, en Afghanistan. Sa poursuite a été mise en délibération au Parlement français. Après mûre réflexion, le Parti socialiste a voté non, mais en précisant : nous ne votons pas contre la poursuite de l’engagement de la France, seulement contre la manière dont il est conduit. Face à un tel consensus de la classe politique européenne, est-il encore nécessaire de s’interroger sur la légitimité de la guerre ? On en donne couramment une série de raisons. Examinons-les une par une.
On dit : nous sommes en Afghanistan à la demande du gouvernement local. En réalité, les Occidentaux sont entrés dans ce pays pour y frapper les responsables des attentats du 11 Septembre, mais ils y sont restés avec l'accord du gouvernement qu'ils avaient mis en place. Nous savons bien qu'une telle demande d'un gouvernement installé par l'armée d'occupation ne prouve rien en elle-même : de la même manière était sollicitée l'entrée de l'armée soviétique à Budapest en 1956, ou à Prague en 1968. Encore faut-il que cette invitation du gouvernement corresponde aux vœux de la population. Or il faut se rendre à l'évidence : celle-ci est aujourd'hui majoritairement hostile à l'occupation. Une preuve parmi d'autres, le guet-apens comme celui dans lequel est tombé un détachement français, le 18 août, et qui a coûté la vie à dix soldats ne pouvait être