C'est une pancarte brandie par des partisans républicains contre Barack Obama qui dit : «Lâchez les chiens.» C'est un élu du Grand Old Party qui lance à la foule : «Imaginez que vous vous réveillez le 5 [novembre] au matin et vous entendez les informations : Barack Obama - ce Barack Hussein Obama - est élu président des Etats-Unis, comment vous sentirez-vous ce matin-là ?» C'est un cri dans un meeting - «Tuez-le !» -, rapporté par le Washington Post et sur lequel le FBI enquête. Comme une rivière de pulsions souterraines, délivrées par la tactique adoptée désormais par John McCain et sa colistière, Sarah Palin, d'attaquer la personnalité du candidat démocrate. Rien de raciste, ouvertement. Mais entre les mots, la question de la couleur de peau d'Obama couve à bas bruit.
«Barack Smyth». «Il y a un sous-entendu dans l'usage répété de son deuxième prénom Hussein, dans certaines attaques de Sarah Palin», dit Camille Charles, directrice du centre d'études africaine de l'Université de Pennsylvanie. «Comme il est généralement risqué de jouer sur les stéréotypes du Noir», souligne-t-elle, la rivière emprunte un autre cours. Celui du musulman (Obama est chrétien), celui de l'étranger à la patrie (son père est kényan, sa mère américaine). L'Amérique à 80 % «caucasienne», marquée par son passé ségrégationniste, est-elle prête à envoyer un Afro-Américain à la Maison Blanche? Les sondages sont porteurs. Mais la questio