Confronté à une grève judiciaire de cinq semaines, le président colombien, Alvaro Uribe, a sorti l'artillerie lourde, décrétant jeudi soir l'état d'exception dans tout le pays. La paralysie des magistrats «mettait en danger la stabilité institutionnelle», a justifié le chef d'Etat conservateur. Elle aurait entraîné la libération de 2 700 suspects d'assassinats, de vols ou de trafic de drogue. Uribe a aussitôt attribué au Conseil de la magistrature, contrôlé par ses partisans, le pouvoir de suspendre et remplacer les juges et fonctionnaires grévistes. D'autres décrets doivent permettre de désengorger le système judiciaire en simplifiant les procédures et en transformant certains délits en simples contraventions.
Salaires. Applaudi par la majorité gouvernementale, qui espère une normalisation du service d'ici à demain, le décret a été jugé «excessif» à gauche. Beaucoup, jusque dans les rangs du pouvoir, jugeaient bien fondées les revendications syndicales. «Elles n'ont pas surgi du jour au lendemain», a rappelé l'ex-ministre Carlos Medellin. Les grévistes réclament une hausse salariale prévue par une loi de 1992, mais qui n'a jamais été appliquée qu'aux hauts magistrats. «Si le président voulait mettre fin à la grève, il lui suffisait d'appliquer cette loi», résume Carlos Gaviria, porte-parole du principal parti de gauche, le PDA. Mais il s'y refuse pour des raisons budgétaires : «Le gouvernement n'est pas irresponsable au point de prendre