Avec un esprit d'à-propos dont nous avons parfois le secret, notre pays a aboli il y a tout juste quelques mois la loi du 18 avril 1825 sur la répression de la piraterie. Il va falloir désormais imaginer des contorsions juridiques pour juger les pirates arrêtés par les forces navales françaises le long des côtes de Somalie après les affaires du Ponant et du Carré d'as. Est-ce si grave ?
Nul ne songe à réécrire l’histoire ni à envahir la Somalie - la communauté internationale, à cet égard, n’a pas de bons souvenirs - mais la leçon doit être retenue, c’est à terre qu’on gagne la bataille. La piraterie s’inscrit d’abord dans une tradition historique : les populations maritimes ont toujours été tentées d’améliorer un ordinaire modeste en faisant main basse sur ce qui passait à portée de voile ou d’aviron. La piraterie se développe dans des zones géographiques où se concentre la navigation commerciale, à proximité de passages obligés ou resserrés comme le détroit de Malacca ou le golfe d’Aden. Elle prospère grâce au progrès technologique qui met sur le marché pour des prix dérisoires des systèmes précis de navigation et de communication, des embarcations rapides, des armes puissantes, et qui entraîne dans le même temps la réduction drastique des équipages, diminuant d’autant les capacités de veille et d’autoprotection des navires marchands. Elle profite d’un encadrement juridique fragile : la convention de Montégo-Bay sur le droit de la mer ne l’évoque que de man