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Libération

A Madrid, l’héritage mis au clou pour joindre les deux bouts

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Crise. Incapables de rembourser leurs prêts, des Espagnols se ruent dans les monts-de-piété.
publié le 17 octobre 2008 à 6h51

Elle a la honte. «Je ne pensais pas qu'un jour j'aurais à venir dans un endroit comme celui-ci !» confie Soledad, Madrilène de 53 ans qui brûle cigarette sur cigarette devant l'entrée du mont-de-piété, place Celenque, en plein centre de la capitale espagnole. Ils sont une bonne centaine à faire le pied de grue devant les guichets de cet établissement de prêt sur gage - il y en a 21 dans tout le pays. L'immense majorité vient déposer des bijoux en or. En échange, après une rapide expertise, on leur accorde un prêt (en deçà de la valeur de l'objet) qui pourra être renouvelé chaque année à la condition que le client honore les intérêts - environ 10 %. Dans le cas contraire, l'objet en garantie est mis aux enchères. «On voit bien que c'est la crise, indique un fonctionnaire. C'est la cohue tous les matins.»

«Œuvre sociale». Y accourent en majorité des immigrés et des gitans, parés de chaînes et colliers étincelants, des retraités, mais aussi désormais des gens de la classe moyenne à court d'argent, en quête de liquidité pour payer le loyer, la facture d'électricité, le crédit de la voiture, voire pour remplir le réfrigérateur.

Dans un pays touché à la fois par la crise financière mondiale et l’éclatement de la bulle immobilière, les monts-de-piété sont débordés : le nombre des prêts a augmenté de 10 % au premier semestre. Et de 20 % à Madrid.

Même si Soledad ne pensait jamais y mettre les pieds, son cas est plutôt typique. Il y a trois mois, son mari, qu