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Libération
EDITORIAL

Couleurs

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publié le 17 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 17 octobre 2008 à 6h51)

Il y a déjà eu un président noir aux Etats-Unis. David Palmer, alias Dennis Haysbert, dans 24 Heures chrono, série culte diffusée sur Fox, la chaîne la plus opposée à Obama. On saura le 4 novembre si une nouvelle fois les scénaristes ont devancé la réalité. La couleur d'Obama reste le grand non-dit de cette campagne. Le candidat lui-même revendique tout autant son héritage blanc du Kansas, par sa mère, que du Kenya, par son père africain. Il se dit à l'aise entre ces codes composites. Il ne montre pas la colère des hommes politiques noirs comme Jesse Jackson ou Al Sharpton qui ont longtemps voulu représenter leur communauté, aliénant dans le même mouvement les Blancs ou les Hispaniques. Obama se présente comme un politicien postracial, et longtemps les Noirs américains n'ont pas su se reconnaître dans cette identité métisse. Ses ennemis ont néanmoins tenté de jouer la carte raciste. Le couple Clinton subliminalement en mettant en doute sa capacité à attirer les «blue collars» blancs. Palin, McCain, et leurs séides, en dénonçant sa prétendue «étrangeté» qui l'aliène de la «vraie Amérique». Notre dossier montre que ces tactiques paraissent se retourner contre leurs auteurs. Cela ne veut pas dire que le racisme a disparu des Etats-Unis, mais que l'impact de cette haine de l'autre est finalement contrôlé. Un président noir à la Maison Blanche changera l'Amérique. Mais posera aussi de sérieuses questions au reste du monde. La Marseillaise