«Nous nous sommes rassemblés, démocrates, républicains et indépendants, pour dire que nous sommes une seule nation, un seul people.» Le soir de sa nomination, en juin à Des Moines (Iowa), Barack Obama répétait avec force le slogan qui l'a porté sur la scène nationale depuis son discours d'unité à la Convention démocrate de Boston en 2004. Un thème qu'il a consciemment et patiemment construit autour de sa propre histoire, celle du fils d'un immigrant kenyan et d'une Américaine blanche du Kansas, élevé à Hawaii et en Indonésie par sa mère et ses grands-parents maternels. Il jette alors dans le discours politique national le terme postracial.
«Ennemi». Curieusement, les premiers gros titres sur la couleur de sa peau, au printemps 2007, faisaient de lui un candidat «pas assez noir», qui ne parviendrait pas à séduire l'électorat afro-américain. «Il n'a pas le type habituel du politicien noir américain. Il ne porte pas le bagage des Noirs pauvres ni celui de l'esclavage. En raison de son âge, il n'a pas pu participer au mouvement des droits civiques», explique Toni-Michelle Travis, professeure de politique à l'université George-Mason. Pour cette spécialiste des questions raciales en politique, c'est précisément le fait qu'Obama n'a pas subi le poids du passé noir américain qui lui permet de s'affranchir du clivage traditionnel noir-blanc. «Parce qu'il a été élevé par des Blancs (son père l'a abandonné quand il avait 2 ans), qu'il n'a pas été imprégné