Quand les «nouveaux Vikings» se sont mis à inviter Elton John pour animer leur soirée d'anniversaire, les Islandais se sont dit que «les choses allaient vraiment trop loin», témoigne un habitant de Reykjavik. C'était avant la crise financière, qui a plongé le pays dans une quasi-faillite. Une anecdote, sans doute, mais qui résonne aujourd'hui comme un avertissement moral dans un Etat dont les institutions internationales vantaient la formidable réussite économique. Puis le krach est arrivé.
Début octobre, le Premier ministre conservateur, Geir Haarde, s'est adressé à la télévision à ses 300 000 compatriotes, avec un ton résolument alarmiste pour annoncer la nationalisation des trois grandes banques du pays : «Je demande aux familles de ne pas permettre à l'anxiété de triompher même si les perspectives sont noires pour beaucoup de monde. Il y a un véritable risque que l'économie islandaise, dans le pire des scénarios, soit entraînée avec les banques dans le tourbillon et que le résultat soit la faillite de l'Etat.»
Dans ce pays résolument tranquille, la population peine à contenir sa colère contre les dirigeants et les nouveaux riches. «Les élus ont de la chance que nous ne soyons pas en France. Sinon, ce serait la guillotine sans plus attendre. Qu'on leur coupe la tête!» souligne un chauffeur de taxi, peu au fait de l'existence de Robert Badinter, en mimant de la main la chute de la lame. Plusieurs centaines de personnes ont même manifesté au centre-