Dans le bâtiment délabré du YMCA, ils sont plusieurs centaines à vivre entassés dans des conditions précaires, en se demandant ce qu'ils vont devenir. A l'extérieur, les femmes préparent le repas tandis qu'une ONG improvise des cours pour les enfants, privés d'école depuis des semaines. «Comment voulez-vous qu'on rentre chez nous? interroge Ranjan Kumar Pradhan. Nos maisons ont été brûlées, et les hindous nous tueront si nous n'acceptons pas de nous convertir.» Comme les autres, lui et sa famille n'ont plus, pour seuls biens, que les vêtements qu'ils portaient lorsqu'ils ont fui.
Depuis fin août, l'Etat d'Orissa, dans l'est de l'Inde, est secoué par les pires violences antichrétiennes depuis des décennies. D'après les autorités, 35 personnes ont été tuées, le double selon le clergé. Au moins 4500 maisons, églises et paroisses sont détruites ou endommagées, et plusieurs dizaines de milliers de sans-abri sont réfugiés dans des camps. Une «honte nationale», selon le Premier ministre, Manmohan Singh. Le pape s'est plusieurs fois indigné ces dernières semaines.
Conversions. Tout commence le 23 août lorsqu'un leader hindou radical, Laxmanananda Saraswati, est assassiné dans le district reculé de Kandhamal. Le meurtre est attribué à la guérilla maoïste, qui l'a d'ailleurs revendiqué depuis, au nom de la lutte contre le «fascisme hindou». Mais les mouvements fondamentalistes hindous sont persuadés qu'il a été tué par «des chréti