Rouge, vert, bleu, camaïeux grondants, comme dans une éprouvette, il passe par toutes les couleurs possibles. Le monde est en précipitation chimique et nul ne saurait dire, avant longtemps, ni quand il se stabilisera ni à quoi il ressemblera, tempête passée. Toute prévision est hasardeuse car la crise financière et la récession qu’elle annonce modifient la donne de semaine en semaine, confondant le court, le moyen et le long terme dans une complète incertitude sur à peu près tout.
Prenons le recul des cours pétroliers. Lors de la crise géorgienne encore, leur hausse semblait avoir assuré le retour de la Russie, en avoir refait une puissance incontournable qui avait désormais les moyens de ne plus se laisser marcher sur les pieds. Il allait, à nouveau, falloir compter avec une Russie aux coffres pleins mais, soudain, ses capitaux la fuient et ses rentrées s’amenuisent au point que la popularité de ses dirigeants se réduit d’un sondage à l’autre et qu’elle devra faire des choix, drastiques, entre son budget militaire et le soutien qu’elle doit maintenant apporter à ses banques et son industrie.
En deux mois, la renaissance de la Russie s’est considérablement relativisée mais, baisse des cours ou pas, ses réserves énergétiques demeurent essentielles au monde et avant tout à l’Europe. Entre ces deux réalités, le destin russe hésite. La Russie peut choisir de tabler sur l’accélération du recul américain, de forcer son avantage en ignorant ses difficultés du moment, ou bien de les p