C'est jeudi qu'Isaza, guérillero des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), aurait pris la décision de déserter. «Je vais vous sortir de là, Papi», a-t-il annoncé à Oscar Tulio Lizcano, l'otage dont il avait la garde. L'homme, dont seul son nom de guerre est lâché aux médias, sa véritable identité restant secrète «pour raisons de sécurité», avait fait ses comptes. La quinzaine de combattants qu'il commandait, hommes et femmes, subissait depuis des semaines le harcèlement de l'armée, et la nourriture se faisait rare. «Cette compagnie était abandonnée», lâchera-t-il plus tard. Son prisonnier, un ex-parlementaire de 63 ans capturé par les Farc en août 2000, usé par la captivité, risquait de «mourir là-bas».

Le plus vieil otage politique de la guérilla marchait difficilement, et souffrait du mutisme haineux de ses gardiens. Pendant les haltes, son geôlier Isaza le voyait planter trois bâtons dans le sol et leur dicter des cours d'espagnol, comme à des élèves attentifs, «pour ne pas devenir fou» d'isolement.

Epaisses forêts. Les Farc ont réussi à cacher Oscar Tulio Lizcano dans les épaisses forêts du nord-ouest colombien, hors d'atteinte de l'armée, pendant 3 000 jours. Depuis le mois de mai, Isaza, 28 ans dont dix dans les Farc, dirige le groupe de ses gardiens. Un «bon combattant» selon les rapports des services de renseignements. Le jeune homme, entré dans la guérilla au plus fort de sa puissance, quand elle prenait d'