Cela devient une antienne. Plus s'impose l'idée (peut-être illusoire) que Barack Obama serait assuré d'être élu, plus on entend répéter que, non, sa victoire ne changerait rien aux politiques des Etats-Unis. C'est ce qu'écrivait, notamment, John Vinocur dans le Herald Tribune en expliquant, hier, que «les réalités des intérêts américains et des responsabilités américaines» font que les «dispositions au multilatéralisme» et la préférence pour la diplomatie, que les Européens prêtent au candidat démocrate, pourraient «vite sembler imaginaires».
C'est une complète erreur. Si elle s'avérait, l'élection d'Obama ne serait pas seulement celle du premier Noir à la Maison Blanche. Ce seul fait changerait beaucoup de choses. Il redonnerait une vérité au mythe de l'American dream, de la terre de tous les possibles, rendrait une fierté nationale à un pays qui doute de ses valeurs et de sa démocratie, redorerait son image sur la scène internationale et ferait de ce nouveau président ce qu'est déjà le candidat Obama : l'un des hommes les plus populaires du monde, car l'adhésion qu'il a suscitée dans une nation si majoritairement blanche en a fait l'incarnation d'un espoir, celui d'une fraternité du genre humain.
Cela mettrait le président Obama en position de refaire entendre, et respecter, la voix des Etats-Unis. Cela lui permettrait d'appuyer sa politique étrangère sur le multilatéralisme et le soft power, la force d'un prestige, et l'