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Libération
Reportage

L’ex-ville de l’acier mise sur le jeu… et perd à nouveau

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publié le 30 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 30 octobre 2008 à 6h51)

Allentown a reçu son premier coup de boutoir dans les années 80. La faillite progressive des aciéries de la ville, qui furent longtemps les seconds producteurs du pays, a mis au fil des ans des dizaines de milliers d'ouvriers au chômage. Dans sa chanson Allentown (1982), le chanteur Billy Joel évoque la détresse de ce phare de l'industrie en plein crépuscule économique. Le chanteur aurait de quoi en composer une autre, car la récession actuelle vient de donner à la ville sa seconde attaque en l'espace d'une génération.

«J'ai décidé de quitter Allentown pour aller au Tennessee, car il n'y a vraiment plus de travail ici», se résigne Karen Heinrich, 53 ans. Licenciée de l'usine de confection où elle cousait depuis dix ans des logos d'entreprise pour 10 dollars de l'heure (7,7 euros), elle n'a pu trouver d'emploi de rechange. «Ça m'a choquée. Avant, on dégotait un boulot très facilement.» A l'expiration de son allocation-chômage de trois mois, elle a été expulsée de son logement. Elle ne pouvait plus payer le loyer. Désormais sans-abri, elle est hébergée dans un logement de fortune que lui procure une association religieuse, New Bethany Ministries (NBM) à Bethlehem, la municipalité jumelle d'Allentown, où elle prend également ses repas. «Je veux m'en sortir, mais ici ce n'est plus possible», dit-elle.

Casino. Le révérend Bill Kuntze, qui dirige NBM, a calculé que la soupe populaire de son association (il y en a beaucoup d'autres