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Libération
TRIBUNE

Les Etats-Unis en eaux troubles

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publié le 30 octobre 2008 à 6h51

Présenté à quelques semaines de l'élection présidentielle, le documentaire Trouble the Water (2008) est un témoignage inestimable sur la dégradation de la situation sociale aux Etats-Unis au cours des dernières années. A la fin du mois d'août 2005, l'ouragan Katrina s'abat sur la Nouvelle-Orléans et provoque ce que le maire, Ray Nagin, a appelé «l'une des pires catastrophes dans l'histoire du pays». Le drame a donné lieu à une abondante littérature dénonçant l'inaction de l'administration de George W. Bush et son mépris pour la population de la ville. Dans son documentaire When the Levees Broke (2006), le réalisateur Spike Lee a mis l'accent sur le racisme latent dans le pays dont Katrina était, une fois de plus, un dramatique révélateur. Si Spike Lee propose un requiem long et exhaustif, Trouble the Water ressemble à un morceau de rap, brut et rugueux. Les images ne sont pas prises du haut d'un hélicoptère, et mises en musique avec brio, mais viennent de l'intérieur, du cœur même de la catastrophe. Elles donnent à voir ce qui est rarement visible : le drame vécu par ceux qui n'ont pas eu les moyens de quitter la ville, la dimension sociale et politique d'un drame soi-disant «naturel».

Kimberly Roberts, une Africaine-Américaine du quartier pauvre de la ville, le 9e district, filme spontanément le désarroi de la population dans l'attente de l'ouragan et les entreprises artisanales pour se préserver de l'inondation. Kimberly est un pur pro