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grand angle

Doctorat Obama

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Tétanisée par les années Bush, la gauche universitaire retrouve le goût de la joute politique et ne jure plus que par le candidat démocrate. Par engouement ou réalisme, l’Obamania a envahi les campus new-yorkais.
publié le 31 octobre 2008 à 6h51

Dans une élection, il y a parfois des fantômes. Des glorieux battus d’autrefois, dont la figure revient hanter certains électeurs - un Mendès-France, un Churchill, un Willy Brandt.

Dans le match McCain-Obama, le revenant des «intellectuels de gauche» américains s'appelle Adlai Stevenson, candidat malheureux du Parti démocrate en 1952 et 1956. Parce qu'il était vraiment de gauche et vraiment intellectuel, la presse de droite l'avait appelé «crâne d'œuf» et le rejet dont il fut la cible par l'Amérique profonde pèse encore sur les épaules de ce que l'on appelle parfois ici, non sans dédain, «la gauche universitaire» («academic left»). Rien n'a changé depuis : «La tradition anti-intellectuelle redevient très forte au moment des élections, et les universitaires ne peuvent que constater à quel point ils sont détestés», résume Nancy Miller, grande spécialiste de littérature féministe. Cette fois, pourtant, les «crânes d'œufs» ont retrouvé le goût de la joute politique. Même les plus radicaux rallient Obama, avec un enthousiasme inimaginable en France.

Chèques de soutien et paquets d’autocollants

Fini le scepticisme sur le barnum électoral, adieu la tentation du vote Nader, l'activiste écolo dont les 2,7 % des voix firent trébucher Al Gore en 2000 : cette fois, les intellos y croient. Envoient des chèques de soutien. Distribuent des autocollants - Tom Bishop, figure historique des études française à l'université de New York (NYU) en a tout un paquet dans son burea