Il aimerait tant que ses cinq petits-enfants puissent un jour lire, comme lui jadis, les albums de Babar. «Mais ces aventures d'éléphants en habits humains qui avaient fait les délices de mon enfance ne sont pas cacher aux yeux des dévots et de leurs rabbins», écrit Marius Schattner, dont la fille est devenue une juive religieuse ultraorthodoxe. Dès les premières pages de son livre, dense et essentiel, il souligne avec pudeur et humour le poids au quotidien de cette bataille entre laïcs et religieux qui parcourt toute l'histoire du mouvement sioniste depuis le XIXe siècle, puis celle d'Israël, qui se veut tout à la fois «un Etat juif et démocratique», selon la définition de sa Loi fondamentale. «Deux exigences difficiles à concilier», rappelle ce journaliste de l'AFP installé depuis des années à Jérusalem. Cette opposition laïcs/religieux est symbolisée par celle des deux villes : «Jérusalem, la capitale surchargée de sainteté ; et Tel-Aviv, la métropole hédoniste du bord de mer.»
«Exil». S'il fait œuvre d'historien pour restituer l'ampleur des débats autour de cette question, Marius Schattner reste aussi un journaliste, montrant la montée, ces dernières années, d'un nationalisme ultrareligieux qui considère «tout retrait territorial comme un retrait du judaïsme». Ainsi, les partis religieux étaient unanimes, ou presque, dans leur refus intransigeant du retrait de Gaza. Ce courant, qui a commencé à prendre son essor après l