Les observateurs mettaient, vendredi, en exergue la plus grande gaffe jamais commise par la famille royale depuis le franquisme : la reine a fustigé publiquement le mariage gay, l'avortement, l'euthanasie, le féminisme et la laïcité à l'école. Alors même que les médias préparaient un hommage dithyrambique pour la reine Sofia à l'occasion de son 70e anniversaire, ce dimanche, l'épouse du chef d'Etat Juan Carlos a suscité une polémique nationale pour avoir brisé le sacro-saint principe de neutralité. Ses prises de position sont apparues dans un livre-entretien, la Reine, de très près.
Celle-ci distille ses opinions sur des sujets de société. Très embarrassée devant la colère des organisations homosexuelles ou pro-IVG, la maison royale a publié un communiqué soulignant l'«inexactitude» et le «caractère privé» de ces propos. Mais le mal est fait, d'autant que l'auteure, la très chevronnée journaliste Pilar Urbano, assure que la Casa Real avait donné son autorisation.
Comble. Réputée pour sa discrète élégance, son soutien aux nécessiteux ou aux victimes du terrorisme, la reine d'origine grecque (elle s'est mariée en 1962) a vu chuter en quelques heures une cote de popularité aussi haute que celle de son mari Juan Carlos. Applaudie par les groupes ultraconservateurs, la mise en circulation d'extraits explosifs («Comment peut-on être fier d'être homosexuel ?») a suscité l'indignation dans les milieux progressistes. «Heureusement qu'en