Un président noir et démocrate s’installera à la Maison Blanche le 20 janvier prochain. Deux petites filles noires, Malia et Sasha, joueront dans le Bureau ovale comme autrefois Caroline et John John. L’Amérique démontre ainsi ses surprenantes capacités de changement, en élisant cet homme de 47 ans, quasi inconnu avant la campagne.
Le moment est doublement historique. En moins d'un demi-siècle, les Etats-Unis sont passés de l'ombre à la lumière. Ce n'est qu'en 1970 que toutes les formes de ségrégation raciale y sont devenues illégales. C'est l'inouï aboutissement du rêve de Martin Luther King «I have a dream». Les «jamais, je ne l'aurais jamais imaginé» des interviewés, surtout dans la communauté noire, se succèdent à n'en plus finir. «Je me pince pour être sûr que je ne suis pas en train de rêver… Ce n'est même pas que je me demandais quelles étaient les chances qu'un président afro-américain soit élu, c'est surtout que je ne pensais même pas que ce soit possible», s'enthousiasme Eugene Robinson, un éditorialiste noir du Detroit News.«Pour les Afro-Américains comme moi qui ont connu le mouvement pour les droits civiques [des années 60, ndlr], c'est rien de moins qu'un séisme mental. Je suis désorienté. Ça m'oblige à voir ce pays sous un autre jour, car je me souviens du temps où les Noirs étaient officiellement des citoyens de seconde classe.»
L'effet crise. Cette élection sonne aussi la fin du parcours de l'ère Reagan, ave