De notre envoyé spécial à Chicago
L'Amérique de Barack Obama a vu le jour ici. Dans les rues glaciales d'Altgeld Gardens, à l'extrême sud du South Side de Chicago, quartier défavorisé en mal de réhabilitation. Derrière les tristes façades de brique rouge, la population, noire à 100 %, ne s'est jamais remise de la fermeture des aciéries et des usines alentour. En 1983, un dénommé Barack y débarque pour «essayer de changer les choses». A 22 ans, tout frais émoulu de Columbia University, une licence de sciences politiques en poche, Obama aurait pu facilement faire carrière à New York. Il préfère postuler pour un job de travailleur social, payé 13 000 dollars par an (moins de 900 euros par mois), à Chicago. Il est passionné par Martin Luther King et le mouvement des droits civiques. Et veut se confronter à la réalité du terrain, dans l'une des villes où sévit la pire ségrégation raciale des Etats-Unis et qui vient d'élire son premier maire noir.
«Réseau de volontaires»
Dans son modeste appartement, Linda Randle, l'activiste qui lui a fait découvrir le South Side, n'a pas oublié : «Il est venu et il a vu la misère. A l'époque, on se battait pour qu'ils enlèvent l'amiante de nos immeubles et nous donnent des emplois. Lui organisait des réunions à l'église afin que les gens prennent leur destin en main et ne baissent pas les bras. Il était intarissable.» Vingt-cinq ans plus tard, le mythe Obama est en marche. En quelques mois, ce «gringalet au drôle de nom» (1) q