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Libération

L’ami américain

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publié le 5 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 5 novembre 2008 à 6h51)

Au moment où ces lignes sont écrites, le nouveau président américain n’est pas encore élu. Lorsqu’elles seront lues, il viendra de l’être. Si John McCain, renversant tous les pronostics, l’emportait sur le fil, cette chronique clopinerait. Si Barack Obama est vainqueur, elle pourra galoper.

L’élection du premier homme de couleur comme président des Etats-Unis devrait en effet bouleverser, presque métamorphoser l’idée que les Français se font de l’Amérique. Notre pays est sans doute la nation occidentale qui entretient les relations les plus complexes, voire les plus schizophréniques avec la première puissance du monde. Les Français détestaient George W Bush. Tous les sondages comparatifs l’ont confirmé : au sein du monde occidental, l’aversion pour le président sortant des Etats-Unis culminait dans l’Hexagone. Symétriquement, plusieurs enquêtes d’opinions menées ces derniers mois ont convergé sur un point : l’Obamania atteint en France des proportions inouïes. Autant le président américain finissant suscitait du rejet, autant le candidat démocrate éveillait l’espérance. La France apparaît toute disposée à se prendre de passion pour Barack Obama, comme il y a un demi-siècle elle était, en plein règne gaullien, tombée littéralement amoureuse de John Fitzgerald Kennedy.

Bien entendu, l’opposition des jugements reflète l’opposition des personnalités. La France admire les diplômes et n’aime pas la richesse : George W. Bush a fait fortune et n’a jamais brillé à l’université. Barack