Sept heures du soir, mardi, à Mexico (deux heures du matin en France), dans un appartement du quartier de Mixcoac, au sud de Mexico. Juncia et Julio, étudiants à l'Université nationale, travaillent sur leurs ordinateurs portables, en jetant de temps à autre un œil distrait sur la télé qui diffuse les premiers résultats de l'élection américaine. Soudain, peu après 19h30, des images d'incendie remplacent cartes et graphiques. L'avion qui transportait le ministre mexicain de l'Intérieur, Juan Camilo Mouriño, et plusieurs hauts fonctionnaires vient de s'écraser sur un quartier résidentiel à l'ouest de Mexico, non loin du palais présidentiel. «Bien entendu, le résultat de l'élection présidentielle américaine passe pour nous au second plan», annonce la journaliste à l'antenne.
Et Obama? «Quién sabe?»
A 20h45, dans une cantina de l'avenue Revolución, non loin de là, la chaîne 2 de la télévision rediffuse en boucle les images du crash et les premières réactions. Elle n'a même pas pris la peine de prévoir un bandeau pour suivre la progression des résultats. Et Obama ? «Quién sabe?» (Qui sait ?), répond le serveur. Au journal de 21 heures, pas un mot sur les Etats-Unis.
Vers 22 heures, au Covadonga, un restaurant branché du quartier Roma, un seul écran sur dix diffuse CNN. Soudain, un cri de joie: l'élection d'Obama est confirmée. Lentement, les chaînes mexicaines semblent redécouvrir l'existence de leur voisin du nord. Minuit, dans le bureau de Carmen