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Interview

«On n’est pas passé à une société post-raciale aux Etats-Unis»

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Selon Pap Ndiaye, historien spécialiste des questions relatives aux populations noires en France et aux Etats-Unis, l'élection de Barack Obama est un symbole positif mais ne signifie pas que les inégalités entre Blancs et Noirs vont disparaître.
Dans le Minnesota, mardi. (REUTERS)
par Recueilli par FRANÇOIS MEURISSE
publié le 5 novembre 2008 à 18h10
(mis à jour le 5 novembre 2008 à 18h11)

45% seulement des Blancs ont voté pour Obama. C’est une sorte d’échec pour lui?

Non, parce que c’est un score archi-normal pour les démocrates qui sont élus, que ce soit Carter, Clinton ou Obama. Si le chiffre avait été supérieur, ça aurait été une révolution.

Quel est le statut de la question raciale aux Etats-Unis après cette campagne et cette élection ?

Cette élection est une bonne nouvelle pour les relations raciales aux Etats-Unis. Qu’un homme qui est considéré comme noir soit élu, c’est tout de même remarquable. Mais les inégalités - qui s’accroissent par ailleurs - ne sont pas que de classes, qu’entre riches et pauvres. Il y en a aussi entre Blancs et Noirs, en termes d’éducation, d’accès au travail et aux soins. Le système judiciaire est également biaisé en défaveur des Noirs. Etre noir est toujours un handicap social après l’élection d’Obama. On n’est donc pas passé comme certains voudraient le faire croire à une société post-raciale. Une société post-raciale est une société où la race ne compte plus mais pas seulement pour le président! Il faut se garder de toute vision trop angélique sur ce point. Les Américains ne passent pas en un instant de la nuit à la lumière.

Obama n’a-t-il pas fait de la question raciale un non-sujet durant la campagne, exception faite du discours de Philadelphie en mars?