Il y avait des enfants, noirs et blancs, qui se donnaient la main, tout l’espoir d’une fraternité qui allait cicatriser les plaies de l’esclavage et de la ségrégation, mais ça, non. Même dans le plus fameux de ses discours, même dans son utopie d’une Amérique où la couleur ne compterait plus, Martin Luther King n’avait pas pu former le «rêve» d’un Noir entrant à la Maison Blanche.
C’est maintenant fait. C’est l’honneur, l’immense honneur de cette majorité d’Américains qui a élu Barack Obama, mais c’est pourtant bien aux années soixante que remonte cette révolution, à ces temps où l’Amérique, celle de John et Bobby Kennedy, était devenue la jeunesse du monde, une avant-garde internationale qui inventait tout en même temps. Des campus aux ghettos, tous les combats s’étaient alors mêlés, la lutte pour les droits civiques et les débuts du féminisme, le mouvement antiguerre, la révolution sexuelle et la contestation, au son du rock, de tout ce qui était l’ordre établi.
Contagieuse, essaimant sur tous les continents, la révolte des «baby-boomers» avait, à la fois, mis terme à la guerre du Vietnam et marqué l’apogée de l’Etat providence, dispensateur d’aides sociales aux plus défavorisés, donc aux Noirs avant tout. Vite, il fallait vite réparer deux siècles d’injustice et c’est ainsi que cette Amérique-là avait tordu le bras à l’égalité pour en faire une réalité, qu’elle avait imposé des quotas réservés aux minorités pour «affirmer» leurs droits et leur existence, sur les lieux de tr