Cem Özdemir revient de loin. Les Verts allemands, réunis ce week-end en congrès, ont élu à leur tête ce député européen de 42 ans d’origine turque. En 1994, il avait été le premier député du Bundestag issu de l’immigration, avant de disparaître de la scène politique allemande. Impliqué en 2002 dans une affaire de crédit à taux préférentiel, accordé à plusieurs hommes politiques par un lobbyiste, et discrédité pour avoir utilisé à titre privé les «miles» accumulés au cours de ses vols professionnels, il avait démissionné en juillet 2006 du Parlement. Cette disgrâce semblait avoir mis fin à une carrière hautement symbolique. Charismatique, très à l’aise sur les plateaux de télévision - les téléspectateurs se sont même habitués à son accent souabe prononcé -, il incarne l’espoir d’une meilleure intégration des enfants de l’immigration au sein de la société allemande. Et les Verts, privés de chef charismatique depuis le départ de Joschka Fischer, ont bien besoin d’un leader d’envergure.
«Je ne suis pas un Turc. Je suis un Européen d'origine turque, et avant tout un Vert. Quand j'étais élu du Bundestag, j'ai montré que je pouvais être très sévère avec la Turquie», plaide-t-il à l'intention de ceux qui doutent de sa «germanité»… Issu d'une famille d'ouvriers turcs arrivés en Allemagne dans les années 60, il connaît d'abord les difficultés de l'intégration. «Mes parents n'avaient pas trop le temps de surveiller mes études», se souvient-il. En échec scolaire, il