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Libération
EDITORIAL

Blessures

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publié le 19 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 19 novembre 2008 à 6h51)

Le génocide des Tutsis s’est déroulé en 1994 sous les yeux de la communauté internationale, qui a laissé massacrer par milliers ces Africains, hommes, femmes et enfants. Soixante ans après la Shoah.

Comme si aucune leçon de l’histoire n’était jamais apprise. La France a sa responsabilité dans cet holocauste. Rien ne montre qu’elle fut complice du régime hutu génocidaire, mais ses liens étroits avec le président Habyarimana et son intervention trop tardive pour arrêter les massacres incriminent ceux qui étaient alors au pouvoir, à l’Elysée comme à Matignon.

Que la lumière doive être faite sur l’assassinat des présidents rwandais et burundais, qui fut le déclencheur du génocide, est légitime. Que ce soit à un juge français, Bruguière de surcroît, de mener l’instruction est beaucoup plus discutable. La France a trop d’intérêts en jeu pour être considérée comme un arbitre neutre. Plus encore, comment peut-on faire cet ignoble procès aux Tutsis d’avoir été les artisans de leur propre génocide en assassinant le président hutu ? Et sur des bases aussi fragiles, comme on le voit avec la rétraction du témoin clé de l’accusation française que nous publions aujourd’hui.

Kagamé, le président tutsi, n’est pas un saint, il use du génocide pour légitimer son pouvoir absolu, mais Sarkozy et Kouchner ont néanmoins raison de vouloir normaliser les relations entre la France et le Rwanda. Les deux pays partagent cette histoire tragique. Pourquoi ne pas construire un travail de mémoire commun, plut