La France et le Rwanda s’accusent mutuellement. Pour la justice française, le Président actuel a sciemment provoqué le génocide en assassinant le Président hutu tandis que Kigali dit Paris complice du régime génocidaire. Revue point par point de ces accusations.
Quel est le lien entre l’attentat du 6 avril et le génocide ?
Le génocide démarre immédiatement après l’attentat qui a coûté la vie à Juvénal Habyarimana, à son homologue burundais, à plusieurs hauts responsables rwandais et à quatre Français, membres de l’équipage du Falcon 50 abattu le soir du 6 avril 1994 alors qu’il approchait de l’aéroport de Kigali. Les massacres, menés par la gendarmerie et la garde présidentielle, débutent dans la nuit. Ils visent, de façon méthodique, l’élite tutsie de la capitale et les principaux opposants hutus.
La question posée par le lien entre le génocide et l’attentat est celle de la responsabilité des massacres. Une thèse, celle notamment défendue par le juge Bruguière, donne à l’attentat un rôle déterminant : sans attentat, pas de génocide. Celui qui a commis l’attentat porte donc la responsabilité morale du génocide. Dans son ordonnance de renvoi, le juge accuse Paul Kagame, le Tutsi en exil, d’avoir décidé, de sang-froid, de sacrifier les Tutsis de l’intérieur, dont il savait pertinemment qu’ils seraient les premières victimes des extrémistes hutus, rendus furieux par l’assassinat de leur président. L’avantage de cette version est de dédouaner la France de son soutien à un ré