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Libération

Le témoin-clé du juge Bruguière se rétracte

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Dans un entretien exclusif, Ruzibiza dédouane Kagame.
publié le 19 novembre 2008 à 6h51

Joshua Abdul Ruzibiza est un soldat perdu. Cet ancien officier du FPR, en rupture de ban, a perdu toute sa famille dans le génocide de 1994. D’après ceux qui le connaissent bien, il ne s’en serait jamais vraiment remis. La colère contre ceux qui n’ont pas pu empêcher le massacre de ses proches, que ce soit Kagame ou les Français, est-elle à l’origine de ses volte-faces ? Agit-il en service commandé et pour qui ?

Ruzibiza était l'un des principaux témoins à charge contre les responsables rwandais dans le dossier d'instruction du juge Bruguière sur l'attentat du 6 avril 1994. Il ne l'est plus car, comme il le confie à Libération (1) depuis la Norvège, son témoignage est «un montage», «une propre invention, pure et simple». Le commando Network, dont il disait faire partie et qui, selon l'ordonnance de soit-communiqué du juge, a exécuté l'attentat, «n'a jamais existé».

A charge. Ruzibiza n'est pas le premier témoin de Bruguière à se rétracter. Libération avait déjà révélé le cas d'Emmanuel Ruzigana, qui lui aussi s'était rétracté en décembre 2006, car auditionné, selon ses dires, sans traducteur. Le juge lui aurait demandé de confirmer des faits dont il n'avait pas connaissance. Malgré ses dénégations, il s'était retrouvé cité dans l'ordonnance, à charge contre le FPR et Kagame. Mais le cas de Ruzibiza est plus grave et embêtant. Ruzibiza, auditionné à Paris en juillet 2003, a recruté plusieurs témoins, dont Ruzigana. Son récit, fidèlement