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Libération
Reportage

«Tout le monde garde de l’argent au cas où les militaires reviendraient»

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RD Congo . Les soldats fuient les combats et n’hésitent pas à dépouiller les civils.
publié le 19 novembre 2008 à 6h51

A Kanyabayonga, dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC), l'ONU tente désespérément de remobiliser l'armée nationale congolaise pour éviter la chute du verrou stratégique du Nord-Kivu au profit des rebelles tutsis de Laurent Nkunda. «Nous pouvons être aux côtés des FARDC [Forces armées de la RDC, ndlr], mais pas faire la guerre à leur place, ce n'est pas dans notre mandat», soupire un diplomate européen. Alors que l'armée congolaise est dans un état de déliquescence avancé, le président, Joseph Kabila, a annoncé, lundi soir, la nomination d'un nouveau chef d'état-major, le général Didier Ntumba. Trop tard, sans doute, pour Kanyabayonga.

Sans combattre. Située à une centaine de kilomètres au nord-est de Goma, cette localité de 30 000 habitants est aujourd'hui quasiment vide de militaires. La progression des rebelles du CNDP (Congrès national de la défense du peuple), qui seraient à moins de dix kilomètres, a semé la panique parmi la population : environ 700 familles se sont réfugiées autour de la base locale de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo). D'autres ont quitté la ville. Parmi eux, de nombreux militaires, avec femme et enfants, qui se sont débarrassés à la hâte de leur uniforme. Faute de casernements, les soldats vivent souvent avec leur famille dans des conditions qui n'ont rien à envier à celles de certains déplacés.

Sous-payés - avec retard - et démotivés, commandés par des officiers fortement soupçonnés de tremper d