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Libération
Reportage

Au Nord-Kivu, le «nettoyage» qui embarrasse les Nations unies

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Une tuerie de dizaines de civils a eu lieu près d’un camp de l’ONU sans que les soldats de la paix n’interviennent.
publié le 21 novembre 2008 à 10h33

Dans une petite cour boueuse entourée de cases, Honorine se souvient de la journée du 5 novembre, où elle a cru mourir. «J'ai passé la tête par la fenêtre et j'ai vu des militaires. J'ai pensé : "C'est fini pour nous !"» raconte cette habitante de Kiwanja, une ville de l'est de la république démocratique du Congo (RDC) située à 80 kilomètres au nord de Goma. Les soldats fracassent sa fenêtre à coups de lance et entrent chez elle. «Il n'y avait que des femmes et des enfants, alors ils sont partis», souffle-t-elle. L'escadron de la mort poursuit son chemin à travers le dédale des cases du quartier hutu de Mabungo, à la recherche d'hommes en âge de combattre. Selon Honorine, ils abattent dans la cour trois individus après les avoir fait sortir de chez eux. Un peu plus loin, à l'abri des regards, une de ses voisines, Joséphine, raconte d'une voix monocorde : «Ils sont entrés et ont fait sortir un papa marié. Ils l'ont fait s'agenouiller et lui ont demandé de l'argent et son téléphone. Ils ont pris ce qu'il avait, et ils l'ont tué.» Quelques minutes plus tard, le beau-frère de Joséphine subit le même sort.

Tombes. Deux semaines après la tuerie, les témoins disent tous la même chose, au mot près : des hommes issus des rangs du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement rebelle tutsi congolais de Laurent Nkunda, ont exécuté plusieurs dizaines de civils, principalement dans les quartiers de Mabungo et de Nyongera. Des hommes, dans leur