Le paradoxe n’est qu’apparent : en fait, l’arrestation puis la mise en examen, cette semaine, de Rose Kabuye, chef du protocole du président rwandais, Paul Kagame, est la preuve de l’amélioration des relations entre Paris et Kigali, et non pas du contraire.
Il faut remonter au 23 octobre. Ce jour-là, le juge antiterroriste Marc Trévidic, qui instruit sur l’attentat du 6 avril 1994, reçoit les parties civiles pour leur annoncer qu’il va clore son dossier et le transmettre au parquet mi-novembre. Il y a là la veuve du président (hutu) Habyarimana et les proches des quatre Français ayant péri dans l’attentat, qui a servi de déclencheur au génocide de 800 000 Tutsis et opposants hutus. Depuis l’émission, fin 2006 par le juge Bruguière, de neuf mandats d’arrêt visant des proches de Kagame - ex-chef de la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR), à l’époque en guerre contre le régime d’Habyarimana, soutenu par la France -, Kigali a rompu toute relation diplomatique avec Paris. Kagame est épargné à cause de son immunité de chef d’Etat en exercice.
A son arrivée au quai d'Orsay, en juin 2007, Bernard Kouchner fait de la normalisation avec le Rwanda une priorité. Il se rend à Kigali, tandis que Nicolas Sarkozy rencontre son homologue Kagame à deux reprises dans le cadre de sommets internationaux, où il reconnaît les «erreurs» passées de la France au Rwanda. Reste l'imbroglio judiciaire.
Lorsque le parquet - donc la chancellerie - apprend l'imminence d'un procès par co