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Libération
Reportage

Les bidonvilles de Caracas révèrent leur Président et saint Marulanda

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Sur les hauteurs de la capitale, les plus démunis restent fidèles au rebelle Chávez.
publié le 22 novembre 2008 à 14h57

«Tu aurais dû amener un cierge, il fait des miracles !» L'homme s'est approché, une bouteille de Polar, la bière locale, à la main. Ni agressif ni accueillant, juste un peu éméché. Réfugiés sous un toit de tôle pour se protéger de la pluie torrentielle, ses copains rigolent tout en s'étonnant de cette intrusion dans le bloque 17 de la Canada, un groupe d'immeubles «sensibles» perché sur les hauteurs de Caracas. Poignée de main, échange de regards. Au cœur du quartier 23 de Enero, Manuel Marulanda, le fondateur des Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc), mort dans la jungle au mois de mars, a donné son nom à une place que les habitants du barrio ont inauguré le 26 septembre à l'initiative du Parti communiste vénézuélien et de la Coordination bolivarienne.

Coup d'Etat. Entre deux immeubles délabrés, un chemin dallé mène au buste en bronze de Tirofijo («tir au but», le surnom du guérillero). L'inscription «Manuel Marulanda Velez, 1930-2008. Héros de Colombie», est gravée sur la plaque du piédestal au bas duquel un bouquet de fleurs est délicatement posé. Fiché dans le sol, à une dizaine de mètres du monument, un projecteur illumine à la nuit tombante le visage de l'ancien dirigeant des Farc, de son vrai patronyme Pedro Antonio Marin. La Colombie voisine a eu beau protester auprès des autorités vénézuéliennes, la place Marulanda n'a pas été débaptisée. «Ici, c'est une zone de guérilla. C'est nous qui commandons et nous rend