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En Chine, cadavres au marché noir

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Pour enterrer un mort selon la tradition alors que la loi impose la crémation, une seule solution : acheter un corps de substitution auprès de trafiquants.
publié le 26 novembre 2008 à 6h51

Sur le papier, tout allait pour le mieux dans le comté de Jieyang. C’est là que le bureau des affaires civiles du Guangdong, chargé des pompes funèbres, enregistrait les meilleurs résultats d’incinération de la province. L’administration locale se félicitait d’avoir éradiqué l’ancienne et tenace coutume d’enterrer les morts. Dans certaines régions, le taux de crémation n’atteint pas 1 %. Autour de Jieyang, il était passé à 100 % depuis trois ans…

Les policiers du comté, eux, n'étaient pas souvent félicités. Depuis plusieurs années, à Puning et à Jiexi en particulier, des dizaines d'avis de recherche de personnes âgées ou de handicapés ornent les murs et les poteaux téléphoniques. «Mon beau-frère de 67 ans a disparu en février et le cousin de ma femme il y a trois ans, a raconté un villageois au South China Morning Post quotidien de HongKong. Nous n'avons jamais eu la moindre nouvelle depuis.» Un nombre alarmant de citoyens, quatre cents selon la rumeur reprise par plusieurs journaux, se serait volatilisé.

Le phénomène serait apparu en 2000, lorsqu'est passée la loi interdisant les enterrements dans le Guangdong. Depuis leur arrivée au pouvoir en 1949, les communistes ont combattu les anciennes superstitions, en particulier le culte des morts. Il est devenu bien vu d'incinérer les défunts dans les crématoriums. A partir de 1997, dans les régions peuplées ou les campagnes où la terre se fait rare, l'incinération est progressivement devenue la loi. Mais de no