Elsa Cardozo enseigne les relations internationales à l’université métropolitaine de Caracas et auteure de plusieurs ouvrages sur la politique extérieure vénézuélienne.
Que signifient l’arrivée à Caracas du président russe et les manœuvres navales communes ?
Pour Chávez, recevoir Medvedev, c'est une manière d'être entre grands de ce monde qui défient l'hégémonie des Etats-Unis. Une façon de montrer à la terre entière, et en particulier à quelques voisins comme la Colombie et le Brésil, la supposée puissance militaire que donne au Venezuela une relation avec la Russie qu'il insiste à appeler «alliance stratégique»,à la différence de Medvedev ou Poutine. En ce sens, il est un pion dans le cadre d'une réalité mondiale beaucoup plus complexe où les Russes font leurs propres calculs et avancent leurs pièces en fonction de ce qu'ils peuvent gagner dans leurs transactions avec les Etats-Unis et l'Europe. Cela dit, le pion fait ses propres paris pour démontrer qu'il a la capacité de perturber l'ordre régional. Le fait que Medvedev soit passé par le Brésil avant le Venezuela limite les risques.
Le rapprochement avec l’Iran ne vous paraît-il pas dangereux ?
Le Venezuela a des relations de longue date avec l’Iran dans le cadre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Mais le rapprochement politique avec le président Ahmadinejad, isolé au plan international, est un pari risqué et plein d’opacité. Là encore, la récente ouverture du Brésil lui-même à l’Iran réduit considérablement la provocation antiaméricaine qui, sans aucun doute, a prévalu dans le renforcement des relations avec Téhéran.
Comment le président Hugo Chávez tente-t-il d’exporter sa «révolution bolivarienne» ?
Il le fait intensivement,