AKibumba, à une trentaine de kilomètres au nord de Goma, une file de camions est immobilisée sous le soleil. Les hommes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du rebelle Laurent Nkunda sont en train d'inspecter la marchandise venue de l'Ouganda voisin. Dans quelques heures, les poids lourd pourront reprendre leur route jusqu'à la «capitale» du Nord-Kivu, à condition d'avoir payé une taxe de 450 dollars (350 euros). Un peu plus loin, un responsable en tenue civile du CNDP a réuni quelques hommes méfiants sur la place poussiéreuse de cette localité encore traumatisée par les combats qui s'y sont déroulés le mois dernier. «Le CNDP effectue des réunions de sensibilisation idéologique, raconte un connaisseur de la région. Il explique ses buts et les raisons pour lesquelles il faut le soutenir contre le gouvernement de Kinshasa.»
Zone «utile». A Kibumba, comme dans le reste de la zone contrôlée par les hommes du général tutsi congolais, le CNDP s'installe dans la durée. Les rebelles contrôlent environ 10 % du Nord-Kivu, dans les faits un bon tiers de la zone «utile», celle qui est accessible par la route et qui est la plus peuplée de la province. Le contrôle d'axes importants lui permet d'engranger d'importantes taxes. Hier, la rébellion a annoncé avoir pris le contrôle de la localité d'Ishasha, sur la frontière avec l'Ouganda. Avant le dernier conflit, le CNDP s'autofinançait déjà par ces juteux prélèvements, mais aussi par l'élevage de ce que l'