La famille Yildirim habite Rudow depuis cinq ans. Ce quartier pavillonnaire du sud de Berlin attire depuis des années de plus en plus de familles turques «intégrées». A Rudow, les Yildirim se sont fait construire un petit pavillon dans le quartier dit «des fleurs». Un cadre en apparence idyllique. Jusqu'à ce matin du 20 avril, jour anniversaire d'Adolf Hitler, où la famille est réveillée en pleine nuit par une explosion. La tente du jardin est en feu. Comme celle des voisins bosniaques quelques semaines plus tôt. Après deux semaines d'enquêtes, la police ne peut plus exclure l'hypothèse d'une agression raciste… Deux néonazis sont arrêtés. Le procès des deux garçons du quartier, âgés de 16 et 19 ans, vient de commencer. Le ministère public est convaincu que leur objectif était de «chasser les étrangers du quartier».
Glissé à droite. Rudow, l'incarnation du rêve d'intégration, compte depuis deux ans deux membres du parti d'extrême droite NPD parmi les élus de la mairie d'arrondissement. Le quartier a glissé à droite, à mesure qu'arrivaient les entrepreneurs turcs et autres professions libérales issues de l'immigration. Presque tous fuyaient le nord de l'arrondissement, autour de la Hermannplatz, gangrené par le chômage et la drogue. Les Allemands de souche qui en avaient les moyens sont partis en premier, rapidement suivis par les familles intégrées issues de l'immigration, comme les Yildirim. Au nord, les écoles comptent aujourd'hui jusqu'à 90 % d'enf