«Sí, lo prometemos !» Il est 9 h 30 du matin à Los Chiles, une bourgade située dans le nord du Costa Rica. Toute la jeunesse du canton est réunie sur le terrain de football qui fait office de place centrale. Enfants et adolescents ont revêtu l'uniforme, d'un «bleu gendarme» pour la plupart. Tournés vers le drapeau national, ils lèvent la main droite et jurent en chœur d'aimer leur pays, d'en apprendre l'histoire et de tout faire pour que la bannière bleu-blanc-rouge reste un symbole de paix et d'idéal de justice. «Sí, lo prometemos.» («Oui, nous le promettons»). Pas de défilé militaire en ce jour de fête nationale. Et pour cause, le Costa Rica est un pays sans armée depuis soixante ans.
C'était le 1er décembre 1948, au lendemain d'une courte guerre civile qui fit plusieurs centaines de morts et dont le leader social-démocrate José Figueres Ferrer sortit vainqueur. Après deux mois de combats, celui qu'on appelle plus communément «Don Pepe» prit la tête d'un gouvernement provisoire et après avoir annoncé la nationalisation des banques, il décréta l'abolition de l'armée. Le décret-loi fut signé et le 1er décembre, Don Pepe se rendit à la caserne de Bellavista, au cœur de la capitale San José. Sous le regard de la foule, il se fit apporter une échelle, y grimpa et d'un coup de masse, cogna symboliquement les murs de la caserne. La «proscription de l'armée comme institution permanente» fut ensuite votée et intégrée dans la