La lutte contre la corruption est au cœur du débat politique roumain depuis au moins douze ans mais sans grands résultats. Politologue et président de l’association Pro Democratia, Cristian Pirvulescu en explique les raisons.
La lutte contre la corruption en Roumanie a-t-elle échoué ?
Pour ceux qui ont nourri un très grand espoir, oui. Pour ceux qui essaient d'aborder ce phénomène d'une manière plus réaliste, je dirais qu'il y a eu néanmoins une réforme graduelle. La lutte contre la corruption en Roumanie est souvent incohérente et inconséquente. La plupart des Roumains considèrent que les hommes politiques sont les principaux bénéficiaires de la corruption et de la transition qu'a connues le pays après la chute de la dictature communiste. En Roumanie, la transition et la corruption sont intimement liées. Apres les élections de 1996 et de 2004, ou des coalitions réformatrices sont arrivées au pouvoir, les gens ont cru en une moralisation de la vie politique. Comme cela ne s'est pas produit, la déception a été grande. Ces dernières années, la Roumanie a mis en place plusieurs institutions pour lutter contre la corruption : un parquet spécialisé, le DNA [Département national anticorruption, ndlr], une Agence nationale pour l'intégrité chargée de vérifier les biens des hauts responsables…
Ces nouvelles institutions anticorruption sont-elles efficaces ?
Ce sont plutôt des alibis vis-à-vis de Bruxelles. Le véritable enjeu est de faire fonctionner celles qui existent déjà. Ces institutions ont été créées sous la pression de l’Union européenne et n’ont pas vraiment d’appui politique interne. Si le D