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Libération

Le dessein géopolitique de Nicolas Sarkozy

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publié le 3 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 3 décembre 2008 à 6h51)

Il n’y a pas qu’Angela Merkel. Réserve et exubérance, dédain et souci de l’apparence, tout oppose la chancelière allemande et le président français mais il n’y a pas qu’entre eux que la relation est sportive. Un an et demi après son élection, Nicolas Sarkozy continue de désarçonner chefs d’Etat et de gouvernement qui ne se sont pas encore faits à cette façon de leur parler, comme s’ils avaient partagé une chambrée, de les interpeller par leur prénom et de prendre leurs intérêts en main pour mieux défendre les siens.

A la veille de se rendre à Moscou pour négocier le premier compromis sur l'affaire géorgienne, il appelle Dmitri Medvedev : «George [Bush, bien sûr] me dit que tu veux me planter. Mes conseillers ne veulent pas non plus que je vienne. Alors, je te le demande : "Tu veux me planter ou pas ?" Tu me le dis…» Pour arracher à «George» la convocation du sommet sur la réforme du système économique international, il lui lance : «Quoi ? Tu veux partir sur cette crise ? Sortir sur un tel échec ? Non ? Alors, vas-y ! On le fait !» Ou encore, pour convaincre le Premier ministre tchèque de lui laisser piloter l'Union pour la Méditerranée lorsqu'il lui cédera, fin décembre, la présidence du Conseil européen, il lui demande : «Combien connais-tu de dirigeants arabes ? Tu sais leur parler ? Tu veux t'essuyer un flop en deux mois ?»

A Jacques Chirac qui le mettait en garde contre le président syrien, Nicolas Sarkozy avait un jour répliqué